Comment faire une pause au milieu d’un marathon culturel intense ? En s’accordant une parenthèse dans un havre de paix à Ouidah. Bon, une parenthèse relative, parce que même en me posant, les livres, les rencontres et les anecdotes insolites se sont enchaînées !
🚧Une route fermée, un air un peu plus respirable et des souvenirs d’Italie
J’aurais adoré visiter la célèbre Porte du Non-Retour, mais… route fermée ! Je ne sais pas pourquoi j’ai trouvé ça si familier. Ah si, peut-être parce que ça m’a rappelé les travaux du tram à Liège ! Bref, Ouidah, c’est à une cinquantaine de kilomètres de Cotonou, et même si la chaleur restait écrasante, l’air y était plus respirable.
Etonnamment dans ce voyage, tout me rappelle l’Italie : la chaleur, les bruits de marché, les prix affichés en milliers de francs qui me rappelaient les montants astronomiques en lires, les marchand·es qui crient et les client·es qui marchandent, les coqs, les volailles… Et puis, au beau milieu du refuge où nous logions, près d’une balancelle, et des meubles de jardin en pneus recyclés et en bois massif, la statue improbable de Padre Pio et de la Madonne ! Comme un clin d’œil à mon passé (je t’ai dit que j’ai managé un garage de pneus ?), à mes voyages avec ma nonna et aux années 80 en Italie.
📚Deux livres et des histoires inspirantes
Je venais de dĂ©vorer deux livres qui parlaient tous les deux de Ouidah et qui m’ont profondĂ©ment marquĂ©e. Le premier, Silence des Acacias, paru chez Savanes du Continent, est un recueil de 10 nouvelles de jeunes auteurices. Une vraie dĂ©couverte ! La première nouvelle, signĂ©e JosĂ© P. Agbo, parle du devoir de mĂ©moire envers les personnes vendues comme esclaves : poignante et inoubliable, tellement en rĂ©sonnance avec le questionnement sur la dĂ©construction du colonialisme en Belgique aussi. La seconde nouvelle, de Nouriath Laleye, aborde les mariages forcĂ©s, la place et les droits des femmes entre rĂŞves d’émancipation et respect des traditions. Les autres nouvelles sont tout aussi captivantes ! Ce livre, offert par Corneille Esaie Anoumon, m’a littĂ©ralement happĂ©e. Corneille se dĂ©finit comme un “dealer de livres” : il tient une librairie itinĂ©rante et s’occupe de diffusion et de distribution d’auteurices. Oui, j’ai encore explosĂ© mon budget livre !
Le second livre, J’ai vaincu parce que j’ai cru de Micheline Adjovi (Ed. Dagan), est une histoire vraie, un récit de résilience incroyable (même si je n’aime plus trop utiliser ce mot là ). Une femme audacieuse, née et ayant grandi à Ouidah, qui m’a inspirée par sa détermination et le chemin qu’elle a parcouru. J’avoue que je ne sais même plus dans quelle librairie j’ai acheté ce livre-là , mais une chose est sûre : j’ai vraiment kiffé et je le recommande!
🥣Expériences locales et piqûres de moustiques
Je le savais dĂ©jĂ depuis longtemps : je suis un buffet Ă volontĂ© pour toutes les bĂŞtes suceuses de sang. Inutile de dire qu’avec la verdure, je me suis choppĂ© une dizaine de piqĂ»res malgrĂ© les vĂŞtements longs et les rĂ©pulsifs… Une rĂ©alitĂ© qui m’avait dĂ©jĂ inspirĂ© un poème culicidĂ©s qui sortira très bientĂ´t dans mon premier recueil : DĂ©senfantĂ©e, DĂ©niaisĂ©e, DĂ©terminĂ©e (Ed. L’Arbre Ă Parole) en mars 2025 (auto-promotion oblige!)
Autre expĂ©rience inoubliable : l’igname pilĂ©e. Pour celles et ceux qui ne connaissent pas, l’igname pilĂ©e est une spĂ©cialitĂ© ouest-africaine obtenue en Ă©crasant des ignames cuites, sorte de tubercules, jusqu’Ă obtenir une texture Ă©lastique et moelleuse, souvent accompagnĂ©e d’une sauce arachide. J’ai voulu tenter l’expĂ©rience avec les dames qui le prĂ©paraient : croyez-moi, c’est physique ! Pour celleux qui pensent encore qu’une femme est “moins forte physiquement qu’un homme”, je vous invite Ă essayer de piler de l’igname toute la journĂ©e… Après, ça a aussi un cĂ´tĂ© thĂ©rapeutique : tu imagines la tĂŞte de quelqu’un qui t’agace au fond du mortier, et tu pilonnes Ă fond !
📸Une maison d’art et un shooting improvisé
L’endroit où nous avons séjourné était une guest-house privée, tenue par un passionné d’art qui avait déjà acheté des œuvres de Cécile Quenum… et bien sûr En Mâle d’Émotions ! Un privilège d’avoir pu loger là , dans un cadre aussi inspirant. On en a profité pour faire une vidéo pour les 10 ans de L-Slam et un shooting photo !
Une escapade qui m’a permis de découvrir d’autres cuisines, d’autres histoires, et de me rappeler à quel point tout est lié : du Bénin à l’Italie, de l’igname pilée à mes souvenirs d’enfance avec la grande cuillère en bois de la polenta, en passant par les livres et les rencontres marquantes…
Et que ce soit pour voyager sur votre canapé en Belgique ou pour découvrir des histoire inspirantes au Bénin, je vous recommande chaudement la lecture de ces deux livres Silence des Acacias et J’ai vaincu parce que j’ai cru !








