Je m’appelle toujours Chloé et je suis toujours en stage de communication chez Courgette Éditions (jour 4). Jeudi, j’ai assisté à une conférence organisée par le PILEn sur le référencement et la visibilité du livre belge francophone. Cela portait sur une pré-étude de Victor Krywicki (Université de Liège) visant à proposer des solutions pour renforcer la présence et la reconnaissance du livre belge. Cela pourrait passer notamment par un meilleur référencement dans une base de données unifiée et facilement accessible.
Autrement dit, des termes un peu abstraits pour quelqu’un comme moi qui vient de débarquer dans le milieu de l’édition. Devoir faire un article sur un sujet aussi précis me semblait un peu compliqué. Je me suis dit que je n’étais sans doute pas la seule personne dans ce cas, alors pourquoi ne pas poser quelques questions à Cindy pour m’éclairer ? Vous me direz ce que vous en avez compris.
Lors de la confĂ©rence, j’ai remarquĂ© que le terme “livre belge” n’Ă©tait pas clair pour tout le monde. Comment expliquer ça et qu’entend-on par-lĂ ?
C’est vrai que d’un point de vue terminologique, ça peut prĂŞter Ă confusion. Si on parle seulement de “ livre francophone”, on englobe aussi la France, la Suisse, le QuĂ©bec et tous les autres pays francophones, notamment sur le continent africain. Si on parle du “livre en Wallonie”, alors on oublie Bruxelles. Et quand on parle du « livre belge », thĂ©oriquement on devrait aussi parler des livres nĂ©erlandophones et en langue allemande. Or, dans notre secteur, quand on parle de “livre belge”, on parle surtout du livre belge francophone, car au niveau culturel, nous sommes vus comme une province française qui dĂ©pend de Paris, tandis qu’en Flandre, ils dĂ©pendent surtout du marchĂ© des Pays-Bas. Nous ne l’avons pas abordĂ© hier, mais en ce qui concerne les livres germanophones, le marchĂ© dĂ©pend clairement de l’Allemagne. Ce ne sont donc pas les mĂŞmes enjeux, ni les mĂŞmes rĂ©alitĂ©s Ă©conomiques.
Je trouve que c’est une remarque intéressante que tu fais là , car c’est un véritable enjeu sociétal pour un pays comme le nôtre qui aurait bien besoin de renforcer ses liens communautaires.
On a aussi dit que la Bibliothèque Royale de Belgique Ă©tait une institution nationale qui avait pour rĂ´le de centraliser les donnĂ©es. Pourtant, il existe encore aujourd’hui une multitude de bases de donnĂ©es, d’oĂą le sujet de la confĂ©rence, puisque ça rend plus difficile le rĂ©fĂ©rencement et la visibilitĂ©. Comment peut-on expliquer ça ?
Effectivement, ça peut sembler Ă©tonnant qu’il n’y ait pas une seule base de donnĂ©es pour tout le monde. Quand on y pense, l’ère du numĂ©rique est encore très rĂ©cente. On a parfois tendance Ă l’oublier, car nous sommes aujourd’hui baigné·es dans toutes ces nouvelles technologies. Il a dĂ©jĂ fallu du temps pour que chaque livre ait un ISBN. Ensuite, chaque base de donnĂ©es a des objectifs diffĂ©rents. Par exemple, une base de donnĂ©es commerciale va chercher Ă vendre. Ça ne l’intĂ©resse pas d’avoir de vieux livres qui datent de plusieurs siècles et qui ne sont plus commercialisĂ©s. En revanche, une base de donnĂ©es patrimoniale voudra recenser ce genre d’ouvrages. Tous les livres ne correspondent pas Ă tous les critères. Chaque organisme a dĂ©veloppĂ© ses bases de donnĂ©es en fonction de ses besoins. Notre situation en Belgique est diffĂ©rente ce qui se passe au QuĂ©bec ou en Flandre, car ce ne sont pas les mĂŞmes rĂ©alitĂ©s de terrain. Et surtout, il n’y a pas le mĂŞme intĂ©rĂŞt politique au dĂ©veloppement de la langue !
Selon moi, les solutions proposées ne devraient pas être techniquement difficiles à mettre en place. La pré-étude de Victor Krywicki propose différentes pistes de solutions.
Certaines librairies ont Ă©voquĂ© le fait que dĂ©fendre la littĂ©rature belge pouvait s’apparenter Ă du militantisme. En quoi est-ce du militantisme de vouloir mettre en avant la culture belge ?
Ça ne devrait pas l’être, mais si on veut mettre la littérature belge en avant, ça s’y apparente beaucoup. Il y a peu de librairies indépendantes de grands groupes commerciaux français chez nous. Une librairie « indépendante » est aussi un commerce qui doit pouvoir subvenir à ses charges et payer son personnel. Elles doivent faire face à la concurrence des grosses filières capitalistes multinationales. Ça demande beaucoup d’efforts en temps et donc en coût de personnel de trouver des livres belges, puisqu’elles sont déjà envahies par les grosses machines de guerre françaises pour la diffusion et la distribution. Aller chercher des lectures belges a un coût en termes de temps pour des livres qui ne sont pas, non pas rentables, mais qui n’ont pas une grande visibilité commerciale.
Ta question permet de se rendre compte de l’interdépendance de tous les maillons de l’écosystème du livre. Si les écoles, les profs, institutions etc. connaissaient mieux le livre belge, ils demanderaient plus à l’acheter. Lorsqu’un livre est bien référencé, il est bien plus facile à trouver et donc à vendre. C’est pour cette raison que trouver une solution pour un meilleur référencement contribuerait à une meilleure mise en avant des livres belges. Ce ne serait plus un « acte de militantisme » de les trouver et les mettre en avant, mais cela deviendrait une normalité, comme pour le livre français.
Alors, est-ce que cela vous semble plus clair ?
Références : Le référencement et la visibilité du livre francophone belge | PILEn
Lien de la prĂ©-Ă©tude : Microsoft Word – Le rĂ©fĂ©rencement et la visibilitĂ© du livre francophone belge
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