Retour une matinée extraordinaire lors de la sortie du documentaire Tout s’est arrangé (ou pas) *!
C’est un documentaire de Pierre Schoonbrodt qui donne la parole aux jeunes ! On y a parle de santé mentale, d’hospitalisation, de scarification, de détresse, de sens de la vie ! Et croyez-moi, c’est encore trop souvent tabou ! Je n’ai plus honte de parler de ma santé mentale parce que j’ai 45 balais, et que c’est un sujet politique pour moi ! J’ai passé 3 semaines en hôpital psychiatrique il y a environ 10 ans maintenant. Je n’ai pas écrit une seule ligne là-bas, ni sur cette expérience (un jour peut-être) ! J’ai été extrêmement chanceuse à l’époque d’avoir eu un bon psychiatre à proximité (et d’ailleurs, j’ai la chance d’être suivie par une autre psychiatre mais tout aussi excellente et tout aussi à proximité de chez moi).
Ce n’est pas le cas des jeunes qu’on a entendu, des années d’errance médicales, des médications bien souvent épouvantables avec des effets secondaires lourds (je mesure la chance d’avoir pu être hospitalisée sans la moindre médication pendant toute la durée de mon séjour !) Et si maintenant j’ai une béquille chimique, elle est minime et sans effet secondaire.
Je pourrais continuer à parler de ce que j’ai pu observer mais c’est de ces jeunes dont j’ai envie de vous parler. De comment je me suis retrouvée dans le témoignage très courageux de Pincée de Coco, de comment, être entendue lors d’une scène slam bienveillante, être crue, avoir des gens bienveillantes qui pleurent avec vous et viennent vous serrer dans leur bras, ça change la vie. Moi, ça m’a sauvé la vie aussi. Ma première scène slam, c’était quelques mois après cette hospitalisation (et quelle joie pour moi de me dire que ce qu’on fait avec L-slam sert à quelque chose, concrètement, dans la vie des gens, la poésie, ça sauve des vies ! ) Surtout le lien et l’écoute. Simon Raquet, l’ancien directeur la zone à Liège (celui qui a mis L-slam dans le programme des 24h de slam de liège pour notre carte blanche parce qu’il fallait mettre quelque chose et qui est resté notre nom !) disait que le slam, ce sont des gens qui sortent de chez eux pour venir s’écouter les 1 les autres… Et c’est ça, c’est toute la différence. Et c’est merveilleux ! et ça fait du bien !
Dans le reportage, Jacinthe explique qu’elle a dû faire plus de 100km avec son gamin (oui, quand on habite une grande ville, ça devient tout de suite plus compliqué d’avoir du personnel soignant à proximité). Imaginez un peu ces parents, avec des gosses qui ne veulent plus sortir de chez eux, parcourir plus de 100km en bus, train, tram pour les emmener se faire se soigner ! Et quand on n’a pas la chance de tomber sur du personnel soignant bienveillant, quand vous arrivez avec des gens qui vous culpabilisent, qui remettent la faute sur l’enfant malade, sur les parents de l’enfant malade, c’est terrible ! Encore plus quand la société a aussi une responsabilité dans la cause de la maladie ! On ne parle pas d’une maladie qui arrive « par hasard » ! On parle de maladies causées par une société malade, qui isole, qui bafoue les droits élémentaires, qui laisse les agresseurs impunis. Comment ne pas comprendre que ce genre de société rend nos gosses malades ?
Imaginez une mère (je ne citerai pas son nom), obligée de rester h24 avec sa fille pendant plusieurs mois, parce qu’il n’y pas de place en HP et que la gamine a déjà fait 2 tentatives de suicides (parce que l’aide à la jeunesse avait cru bon de la laisser chez son père agresseur sexuel malgré tout ce que la mère avait déjà prouvé : « vous comprenez, ce n’est pas parce que c’est un mari violent que ce n’est pas un bon père », « vous comprenez, la mère s’est mis en couple avec une femme, c’est ça qui perturbe la petite »). Elle l’a récupérée mais dans quel état !
Le délégué général aux droits de l’enfant, Solaÿman Laqdim, présent à cette matinée, a expliqué que tous les indicateurs sont au rouge. Le taux de suicide et de tentative de suicide a doublé chez nos jeunes ! Qu’est-ce que ça dit de notre société ?
Ce matin-là, la directrice de la ligue des familles, Madeleine Guyot, a souligné qu’une école avait autorisé des jeunes à aller manifester et les profs les avaient soutenus ! Elle soulignait à quel point c’était rare d’entendre qu’une école écoute ses jeunes, surtout quand ils dénoncent le bafouement des droits les plus fondamentaux. Aujourd’hui, on apprend que la ministre considérera cela comme des absences injustifiées (ce qui ne fut pas le cas lors des grandes manifestations des années 90 par exemple) !
Inutile de dire que la salle (full de 300 personnes) a été conquise, il y a eu une standing ovation de plusieurs minutes ! La performance de Jacinthe, juste avant la diffusion, était exceptionnelle (performance issue du livre, Au-dessus des marécages, les oiseaux) ! Elle se produira encore ce lundi 06 à l’Espace Magh à 19h00 ! avec la diffusion aussi de ce documentaire exceptionnel !
Je vous invite, en tant qu’adulte, à aller soutenir le collectif Tout va s’arranger (ou pas), si possible financièrement aussi ! de parler de ce documentaire autour de vous, de demander à ce qu’il soit programmé dans les écoles, et de soutenir les artistes sur leurs réseaux !
Pour celles et ceux qui nous découvrent maintenant, le lien entre le documentaire et Courgette Editions: Jacinthe est dans le documentaire, et Pierre Schoobrodt et Véronique de Thier, de tout va s’arranger ou pas, ont postfacé le livre de Jacinthe Mazzocchetti, ainsi que Madeleine Guyot, directrice de la ligue des familles. Oui, on a 2 postfaces, et une préface de Véronique Bragard de l’UCl.
Et puis je vous joins quelques-unes de mes photos perso dans la galerie, nous avions mis en place une librairie éphémère où les gens ont pu également découvrir le travail de nos autres auteurices et découvrir en quoi consiste une maison d’édition indépendante !
* Un documentaire consacré à la santé mentale des jeunes, produit par le Centre d’Action Laïque en partenariat avec la FAPEO.
Réalisation: Pierre Schonbrodt
Consultante: Véronique de Thier
Musique: Quentin Dujardin
PS: pour celles et ceux qui ne le savaient pas, je suis la co-fondatrice du collectif L-slam. On aide les femmes et les voix “minorisées” à monter sur scène depuis 2015!
PS2: sur les photos, vous aurez peut-être reconnu e.a. Z&T du collectif Slameke à Bruxelles, Pincée de coco, Paronomasque, j’en ai oublié plein, mettez-les en commentaire!









