#6 Astuce numéro 6 : changer le point de vue narratif

💡La sixième astuce que je vous propose pour retravailler vos manuscrits est le changement de point de vue narratif !

🌀Votre texte est écrit à la première personne ? Réécrivez-le en « tu » ou en « il » ! Votre texte est écrit en « il »? Réécrivez-le en « je » ?

Que cela change-t-il ? Qu’est-ce que le narrateur/la narratrice sait, ne sait pas ? Voit ou ne voit pas ?

Lors d’un atelier d’écriture que j’animais récemment, j’avais donné comme consigne d’écrire d’un point de vue d’un objet de la pièce. Si c’était un objet de la pièce qui racontait l’histoire ? Quelle vue à cet objet ? Que peut-il entendre ? Est-ce un objet accroché au mur qui voit tout? Est-ce un stick de baume à lèvre dans une trousse entrouverte, il entend tout jusqu’à ce que la trousse soit refermée et que les bruits ne lui parviennent plus qu’étouffés? Il entend sans pouvoir voir ce qu’il se passe dans la pièce? Dans ce même atelier une des nouvelles racontait le point de vue d’un chien qui ne voyait qu’au travers d’une lucarne dans le bas de la porte… il voyait seulement les mollets de gens qui venaient sonner à la porte…

Dans son livre Ma grande voyageuse, aux éditions Académia, Jacinthe Mazzocchetti écrit des lettres en « je » à sa mère.

Pardon, je suis désolée, pardon. Je m’excuse sans cesse. On me parle avec assurance de l’ego immanent des écrivains, des universitaires. J’ai pourtant souvent l’impression de naviguer dans ces mondes par erreur. Un détournement de trajectoire. De ne plus avoir grand-chose à y faire.

Ma grande voyageuse, Jacinthe Mazzocchetti

Le « je » permet d’entrer dans l’intimité du personnage, d’avoir accès à ses pensées profondes mais avec un point de vue limité à son regard sur le monde.

Dans son dernier livre, Eunice, aux Editions du Seuil, Lisette Lombé, nous narre une histoire en « tu ».

Souffle Eunice ! Sors de cette salle des profs !
Chaque personne que tu rencontres te confie une pièce dont la teinte vient modifier ce que tu croyais déjà savoir d’elle. Tu ne connais pas Jane. Son écorce, sa surface, sa carapace, oui. Ses aspirations profondes, ses fantasmes, ses regrets, non.

Eunice, Lisette Lombé

On avance avec le personnage comme s’il y avait une caméra sur son épaule. On est placé à ses côtés, sans forcément avoir accès à toutes ses pensées. Sans avoir un regard omniscient. On a une vision limitée.

Dans l’horizon d’un regard (éditions de la revue Phénicienne), Aline Tawk a choisi une narration à la troisième personne. 

Soeur Marie-Soleil fit de remarquables progrès dans les soins de Maria, si bien qu’en quelques jours, elle en savait bien plus que Aïcha, car elle profitait de la visite du généraliste ou du physiothérapeute pour les bombarder de questions afin de tout apprendre sur son cas. Une des premières choses qu’elle demanda au médecin concernait l’état de conscience de Maria. Le médecin lui répondit qu’en absence de réaction et d’interaction avec le monde extérieur, il déduisait que le cerveau de Maria était sûrement atteint d’un certain traumatisme, mais il n’était sûr de rien vu qu’elle n’avait jamais été soumise à des scanners ou à des examens approfondis et qu’elle n’avait jamais quitté sa chambre depuis son arrivée près de 2 ans plus tôt.

L’horizon d’un regard, Aline Tawk

Le narrateur est omniscient, il connait tous les personnages, à accès à leurs pensées.  Cela permet d’entrer dans la tête de chaque personnage, tantôt Sœur Marie-Soleil, tantôt le médecin, tantôt les autres protagonistes de l’histoire.

✍️Choisissez un extrait d’un de vos textes et réécrivez-le en changeant le pronom de narration et voyez ce que cela apporte au récit !

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